BRETAGNE
Ma région de ♥
La toute première fois en arrivant sur cette parcelle de 14 km, il faisait encore nuit. La route avait été longue.
C'était une de ces nuits étoilée comme on en voit rarement chez moi : une voûte bleu nuit traversée par un tapis de milliards d'étoiles, la voie lactée ! 🤩
Il y avait de quoi attraper un torticolis à force de regarder en l'air. Pas question de dormir, ne serais-ce qu'une heure pour ne rien rater du spectacle.
Le ressac tout proche, battait sans relâche une côte que je ne distinguais pas encore.
A l'est, une faible lueur annoncait l'aurore. J'étais aux premières loges pour assister au lever de rideau.
Le ciel se teinta d'orangé, de rose saumonné puis de rouge et la courbe de l'astre apparut dans tout son éclat.
Les étoiles s'éteignirent progressivement pour laisser place à un liséré d'azur.
Je percevais le chuintement des vagues s'échouant sur le sable et humait à pleins poumons l'air nouveau chargé d'iode.
La dune, hérissée d'herbes hautes, que je franchis en quelques pas, me dévoilà l'océan.
L'horizon était encore noyé dans la brume. Les vagues crêtées d'écume léchaient une plage immense dont je n'aperçevais pas le bout.
Seule, devant cette immensité dans le petit matin, comme au premier jour du monde.
Cette solitude, teintée d'allégresse, me fit prendre conscience combien la terre est belle.
A cet instant privilégié, je détenais la propriété du paysage comme le paysage détenait ma présence.
Nous étions un.
Ma rétine photographia l'ensemble, les couleurs changeantes du ciel, de l'eau, la fréquence des vagues, le souffle du vent couchant les herbes de la dune, le roulis des galets, le vol des mouettes, avec avidité.
Plus tard, je découvris la baie et son calme relatif.
Les criques enchâssées dans les rochers recelaient des trésors de coquillages.
A marée basse, les coques, palourdes, couteaux, bigorneaux foisonnaient.
Un village aux maisons blanches et aux volets bleus s'éveillait doucement. Les clôtures, bleues elles aussi, dont le portillon s'ouvrait sur des jardinets bien entretenus, contenaient tant bien que mal des hortensias massifs, des rosiers aux fleurs scintillantes de rosée.
Une route étroite longeait la côte découpée.
Du haut de la falaise, le regard était attiré par les vagues énormes, fascinantes, magnifiques, s'écrasant contre la roche avec fracas. Les embruns se dispersaient en brume rafraîchissante.
Au bout de la route, la ville était lovée dans une large anse.
La rue principale serpentait le long du front de mer où les terrasses chauffaient leurs sièges au soleil, continuait vers la pointe, laissait au loin les récifs ou se brisaient les vagues, pour rejoindre en quelques méandres un calme petit port niché dans une baie.
Du haut de sa stèle, Notre Dame des Flots veille.
Un phare blanc et vert monte la garde au bout de la jetée.
La brume matinale dévoilait les balises au loin.
Des bateaux de pêche glissaient vers l'entrée du port, suivis par une nuée de mouettes : la pêche était bonne !
I.H.
Photos peintures I.H.
Photos encre de chine I.H.